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Autorité.

Chez les Romains, le métier des armes, l’éloquence et l’étude des lois civiles, étaient également pour un citoyen le chemin des dignités de l’état, et ces trois professions recevaient quelquefois un nouvel éclat de leur réunion dans la même personne. La science du préteur qui composait un édit, assurait à son opinion particulière une sorte de préférence et d’autorité : le respect disposait à pencher pour celle d’un censeur ou d’un consul ; et les vertus ou les triomphes d’un jurisconsulte donnaient du poids à une interprétation peut-être douteuse. Le voile du mystère servit long-temps l’adresse des patriciens ; et dans des temps plus éclairés, la liberté des discussions établit les principes généraux de la jurisprudence. Les disputes du Forum éclaircirent les cas subtils et embrouillés ; on admit des règles, des axiomes et des définitions[1] émanés de la raison naturelle, et l’opinion des professeurs de la loi influa sur la pratique des tribunaux ; mais ces interprètes ne pouvaient ni faire, ni exécuter les lois de la république, et les juges pouvaient dédaigner l’autorité des Scévola eux-mêmes, souvent renversée par l’éloquence et les sophismes d’un habile avocat[2]. Auguste et

    une dissertation de Everard Otto, de Stoïcâ jurisconsultorum philosophiâ.

  1. On citait surtout la règle de Caton, la stipulation d’Aquilius et les formes Maniliennes, deux cent onze maximes, et deux cent quarante-sept définitions (Pandect., l. I, tit. 16, 17).
  2. Lisez Cicéron, l. I, De oratore, Topica, pro Murenâ.