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aidée de moyens bizarres et compliqués, tendit à rétablir les droits de la nature et de la raison, et de simples individus se servirent utilement de leurs lumières pour détruire la base des institutions publiques de leur pays. L’intervalle de presque dix siècles, qui se trouve entre la publication des Douze-Tables et le règne de Justinien, peut se diviser en trois périodes d’une durée presque égale, distinguées l’une de l’autre par la méthode d’instruction qu’on adopta, et par le caractère des gens de loi[1]. [Première période A. U. C. 303-648.]Durant la première époque, l’orgueil et l’ignorance contribuèrent à resserrer dans des bornes étroites la science des lois romaines. Les jours de marché ou d’assemblée, les jurisconsultes qui avaient le plus de réputation se promenaient au Forum ; ils donnaient leurs avis aux dernières classes des citoyens, dans l’espoir

  1. Pomponius (De origine Juris Pandect., l. I, tit. 2) indique la succession des jurisconsultes romains. Les modernes ont fait preuve de savoir et de critique dans la discussion de cette partie de l’Histoire et de la Littérature. J’ai surtout été guidé par Gravina (p. 41-79) et Heineccius (Hist. J. R., no 113, p. 351). Cicéron (De Oratore, de Claris orator., de Legibus) et la Clavis Ciceroniam d’Ernesti (sous les noms de Mucius, etc.) fournissent plusieurs détails originaux et fort intéressans. Horace fait souvent allusion à la matinée laborieuse des gens de loi. (Serm., l. I, 10 ; epist.2, I, 103, etc.)

    Agricolam laudat juris legumque peritus
    Sub galli cantum consultor ubi ostia pulsat.

    Romæ dulce diu fuit et solemne, reclusâ
    Mane domo vigilare, clienti promere jura.