Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

siècles sans altération[1]. Tite-Live et Denys d’Halycarnasse, également séduits par l’orgueil national, veulent croire que les députés de Rome avaient paru à Athènes, sous la sage et brillante administration de Périclès, et que les lois des Douze-Tables étaient une imitation de celles de Solon. Si Athènes eût effectivement reçu à cette époque une ambassade des Barbares de l’Hespérie, le nom romain eût été familier aux Grecs avant le règne d’Alexandre[2], et la curio-

  1. Zaleucus, dont on a contesté l’existence avec si peu de raison, eut le mérite et la gloire de faire d’un ramas de proscrits (les Locriens) la république la plus vertueuse et la mieux ordonnée de la Grèce. Voyez deux Mémoires de M. le baron de Sainte-Croix sur la législation de la Grande-Grèce. (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XLII, p. 276-333.) Mais les lois de Zaleucus et de Charondas, qui en ont imposé à Diodore et à Stobée, ont été fabriquées par un sophiste pythagoricien, dont la supercherie a été découverte par la sagacité de Bentley, p. 335-377.
  2. Je saisis cette occasion pour indiquer le progrès des communications entre Rome et la Grèce : 1o. Hérodote et Thucydide (A. U. C. 300-350) paraissent ignorer le nom et l’existence de Rome (Josèphe, contra Apion., t. II, l. I, c. 12, p. 444, édit. de Havercamp). 2oThéopompe (A. U. C. 400, Pline, III, 9) parle de l’invasion des Gaulois, dont Héraclide de Pont fait mention d’une manière plus vague. (Plutarque, in Camillo, p. 292, éd. H. Étienne.) 3o. L’ambassade réelle ou fabuleuse des Romains auprès d’Alexandre (A. U. C. 430) est attestée par Clitarque (Pline, III,9), par Aristus et Asclépiade (Arrien, l. VII, p. 294-295), et par Memnon d’Héraclée (apud Photium, Cod. 224, p. 725) ; le silence de Tite-Live à cet égard est une dénégation. 4o. Théophraste (A. U. C. 440), primus externorum aliqua de romanis dili-