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qui importe si fort à la paix et au bonheur de la société. Les lois d’un peuple forment la portion la plus instructive de son histoire ; et quoique je me sois dévoué à la composition des Annales de l’Empire dans sa décadence, je saisirai cette occasion de respirer encore l’air pur et fortifiant de la république.

Lois que publièrent les rois de Rome.

On découvre quelque adresse politique dans la formation du gouvernement primitif de Rome[1], composé d’un roi électif, d’un conseil de nobles et d’une assemblée générale du peuple. Le magistrat suprême était chargé de tout ce qui avait rapport à la guerre et à la religion : seul il proposait les lois qu’on discutait au sénat, et qui étaient enfin ratifiées ou rejetées à la pluralité des voix par les trente curies ou paroisses de la ville. Romulus, Numa et Servius Tullius sont renommés comme les premiers législateurs de Rome ; et chacun d’eux a des droits particuliers à l’une des trois divisions générales de sa jurisprudence[2]. On attribue à la sagesse naturelle de Romulus les lois sur le mariage, sur l’éducation des enfans et l’autorité paternelle, qui paraissent tirer leur

  1. On peut étudier l’histoire du gouvernement de Rome sous ses rois, dans le premier livre de Tite-Live, et plus au long dans Denys d’Halycarnasse (l. II, p. 80-96, 119-130 ; l. IV, p. 198-220), qui laisse cependant apercevoir quelquefois le rhéteur et le Grec.
  2. Juste-Lipse (Opp., t. IV, p. 279) a appliqué aux trois rois de Rome ces trois divisions générales de la loi civile. Gravina (Orig. jur. civ., p. 28, édit. de Leipz. 1787) adopte cette idée, que Mascou, son éditeur allemand, n’admet qu’avec répugnance.