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vant se consoler de la ruine de son pays, abandonna les danses que formaient ses sœurs, quitta le Zodiaque, se réfugia vers le pôle du nord, et sa chevelure en désordre lui fit donner le nom de comète. La troisième période finit à l’année 620, date qui se rapporte précisément à celle de la comète effrayante de la sibylle, peut-être celle de Pline, qui parut dans l’Occident deux générations avant le règne de Cyrus. La quatrième apparition, quarante-cinq ans avant la naissance de Jésus-Christ, est celle qui eut le plus d’éclat et qui est la plus importante. Après la mort de César, un corps céleste à longue chevelure se montra à Rome et aux nations durant les jeux que donnait le jeune Octave en l’honneur de Vénus et de son oncle. Le vulgaire crut qu’il portait au ciel l’âme du dictateur ; et l’habile Octave eut soin d’entretenir et de consacrer cette opinion par sa piété, tandis que sa superstition secrète ne voyait dans cette comète qu’un présage de sa gloire future[1]. La cinquième, dont nous avons déjà parlé, eut lieu la cinquième année du règne de Justinien, ou la cinq cent trentième année de l’ère chrétienne ; et il faut remarquer que cette apparition, ainsi que l’apparition antérieure, fut suivie, mais à un plus long intervalle,

  1. Pline (Hist. nat., II, 23) a transcrit les registres originaux d’Auguste. Mairan, dans ses ingénieuses Lettres au père Parennin, missionnaire à la Chine, place les jeux et la comète, de l’année 44 à l’année 43 avant la naissance de Jésus-Christ ; cependant les observations de cet astronome me laissent des doutes (Opuscules, p. 275-351).