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expédier des affaires ; et l’on pouvait lui reprocher de troubler, par une exactitude minutieuse et déplacée, l’ordre général de son administration. Il prétendait aux talens de musicien et d’architecte, de poète et de philosophe, de jurisconsulte et de théologien ; et s’il échoua dans l’entreprise de réconcilier les sectes chrétiennes, son travail sur la jurisprudence romaine est un noble monument de son zèle et de son habileté. Il fut moins sage ou moins heureux dans le gouvernement de l’empire : son règne fut remarquable par des calamités ; le peuple fut opprimé et mécontent ; Théodora abusa de son pouvoir ; une suite de mauvais ministres fit tort au discernement de Justinien, qui ne fut ni aimé durant sa vie, ni regretté après sa mort. Réellement épris de la gloire, il eut cependant la misérable ambition des titres, des honneurs et des éloges de ses contemporains ; et, en s’efforçant de fixer l’admiration des Romains, il perdit leur affection et leur estime. Il conçut et exécuta avec hardiesse le plan des guerres d’Afrique et d’Italie. Sa pénétration découvrit dans les camps les talens de Bélisaire, et ceux de Narsès dans l’intérieur du palais ; mais son nom est éclipsé par celui de ses généraux victorieux, et Bélisaire vit toujours pour accuser l’envie et l’ingratitude de son souverain. L’aveugle

    bien mieux l’application à l’étude et les connaissances de Justinien, que les éloges qu’on trouve dans l’Histoire publique (Goth., l. III, c. 31 ; De ædific. l. I ; Proëm. c. 7.). Consultez l’Index détaillé d’Alemannus et la Vie de Justinien par Ludewig, p. 135-142.