Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bares qui s’avançaient, disait-on, déshonorant les vierges dévouées au culte des autels, et abandonnant des enfans nouveau-nés à la voracité des chiens et des vautours : une foule d’habitans de la campagne accourut chercher un asile et de la subsistance dans la capitale, dont elle augmenta l’effroi ; et Zabergan établit son camp à vingt milles de Constantinople[1], sur les bords d’une petite rivière qui environne Mélanthias, et qui se jette ensuite dans la Propontide[2]. Justinien trembla ; et ceux qui ne l’avaient vu que dans les dernières années de son règne se plurent à supposer qu’il avait perdu la vigueur et la vivacité de sa jeunesse. Il ordonna d’enlever les vases d’or et d’argent que renfermaient les églises situées dans les environs et même dans les faubourgs de Constantinople : les remparts étaient couverts de spectateurs épouvantés : des généraux, et des tribuns inutiles se pressaient sous la porte

  1. On n’est pas d’accord sur la distance de Constantinople à Mélanthias, villa Cæsariana. (Ammien-Marc., XXX, 2.) Les opinions varient de cent deux à cent quarante stades (Suidas, t. II, p. 522, 523 ; Agathias, l. V, p. 158), ou de dix-huit à dix-neuf milles (Itineraria, p. 138, 230, 323, 332 ; et les Observations de Wesseling). Justinien fit paver les douze premiers milles jusqu’à Reggio, et construire un pont sur un marais ou une gorge qui se trouve entre un lac et la mer. (Procope, De ædific., l. IV, c. 8.)
  2. L’Atyras (Pomponius-Mela, l. II, c. 2, p. 169, édit. Voss.). Justinien fortifia une ville ou un château du même nom à l’embouchure de la rivière. (Procope, De ædific., l. IV, c. 2 ; Itiner., p. 570, et Wesseling.)