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impatiens de regagner la métropole, ils furent arrêtés dans leur route par les Goths furieux, et le sang des patriciens souilla toutes les forteresses de la Campanie[1]. Le sénat institué par Romulus fut alors anéanti, après avoir subsisté treize siècles ; et si les nobles romains continuèrent à prendre le titre de sénateurs, on aperçoit peu de traces d’un conseil public ou d’un ordre constitutionnel. Remontez à six cents ans, et contemplez les rois de la terre sollicitant une audience en qualité d’esclaves et d’affranchis du sénat romain[2] !

Défaite et mort de Teias, dernier roi des Goths. A. D. 553. Mars.

La guerre contre les Goths n’était pas finie. Les plus braves d’entre eux se retirèrent au-delà du et Teias fut choisi d’une voix unanime pour remplacer et venger Totila. Des ambassadeurs envoyés par le nouveau roi partirent aussitôt pour aller implorer ou plutôt acheter le secours des Francs ; et Teias prodigua noblement, pour la sûreté publique, les richesses amassées dans le palais de Pavie. Le reste du trésor royal fut déposé sous la garde de son frère Aligern à Cumes, château de la Campanie soigneusement fortifié par Totila, mais qui fut bientôt

  1. Comparez deux passages de Procope (l. III, c. 26 ; l. IV, c. 24), qui, joints à quelques passages de Marcellin et de Jornandès, éclaircissent très-bien la situation du sénat dans ses derniers momens.
  2. Nous voyons en Prusias, selon ce que nous en apprennent les Fragmens de Polybe (Excerpt. legat., XCVII, p. 927, 928), un tableau curieux de la situation d’un roi esclave.