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d’inondations tous les pays d’alentour[1]. Dans cet embarras, un officier expérimenté proposa un moyen d’autant plus sûr, qu’il paraissait plus téméraire ; il conseilla de faire avancer l’armée de l’empereur avec précaution le long de la côte de la mer, tandis que la flotte, précédant sa marche, jetterait successivement des ponts de bateaux aux embouchures du Timave, de la Brenta, de l’Adige et du , qui tombent dans l’Adriatique, au nord de Ravenne. Le général romain s’arrêta neuf jours dans cette ville, et après avoir rassemblé les débris de l’armée d’Italie, il marcha vers Rimini, pour répondre aux insultantes provocations de l’ennemi.

Défaite et mort de Totila. A. D. 552. Juillet.

La prudence exigeait que Narsès hâtât le moment d’une bataille décisive. Son armée était le dernier effort de l’empire. Les frais de chaque jour augmentaient l’embarras des finances, et ses troupes, peu faites à la fatigue ou à la discipline, pouvaient tourner leurs armes les unes contre les autres, ou contre leur bienfaiteur. Ces considérations auraient dû réprimer au contraire l’ardeur de Totila. Mais il savait que le clergé et le peuple d’Italie désiraient

  1. Sous le règne d’Auguste et dans le moyen âge, tout le territoire qui s’étend d’Aquilée à Ravenne, était couvert de bois, de lacs et de marais. L’homme a subjugué la nature ; on a emprisonné les eaux, et l’on a cultivé le sol. Voyez les savantes recherches de Muratori (Antiq. Italiæ medii ævi, t. I, dissert. XXI, p. 253, 254) d’après Vitruve, Strabon, Hérodien, les anciennes chartes et les connaissances personnelles qu’il avait du local.