Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

traité, en prêtant deux mille deux cents de ses plus braves guerriers, dont la suite se composait de trois mille combattans. Trois mille Hérules servaient à cheval sous Philemuth, leur chef naturel ; et le noble Aratus, qui avait adopté les mœurs et la discipline de Rome, commandait une troupe de vétérans de la même nation. Dagistheus fut tiré de sa prison, pour devenir le chef des Huns ; et Kobad, petit-fils et neveu du grand roi, se montrait avec un diadème royal, à la tête de ses fidèles Persans, qui s’étaient dévoués à la fortune de leur prince[1]. Absolu dans l’exercice de son autorité, plus absolu par l’affection de ses troupes, Narsès s’avança de Philippopolis à Salone, avec une armée nombreuse et pleine de valeur ; il longea ensuite la côte orientale de l’Adriatique jusqu’aux confins de l’Italie, où il se trouva arrêté dans sa marche. L’Orient ne pouvait fournir assez de navires pour transporter une multitude si considérable d’hommes et de chevaux. Les Francs qui, au milieu de la confusion générale, avaient usurpé la plus grande partie de la province de Vénétie, refusèrent le passage aux amis des Lombards. Teias, avec la fleur de l’armée des Goths, occupait le poste de Vérone ; cet habile chef avait couvert d’abattis et

    n’ait pas, dans cette occasion, conduit lui-même ses troupes à la guerre.

  1. Si ce n’était pas un imposteur, c’était le fils de Zamès l’aveugle, sauvé par compassion et élevé dans la cour de Byzance, par différens motifs de politique, d’orgueil et de générosité. (Procope, Persic., l. I, c. 23.)