Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à balancer les forces des Barbares les unes par les autres : pour fomenter leur division, il mettait en usage la flatterie et la fausseté ; et sa patience et sa libéralité les excitaient à de nouvelles offenses[1]. On apportait à ses généraux les clefs de Carthage, de Rome et de Ravenne, au moment où les Perses détruisaient Antioche, et où Justinien tremblait pour la sûreté de Constantinople.

État des Barbares.

Les succès de Bélisaire contre les Goths nuisirent eux-mêmes à l’état, puisqu’ils renversèrent l’importante barrière du Haut-Danube, que Théodoric et sa fille avaient gardée si fidèlement. Pour défendre l’Italie, les Goths évacuèrent la Pannonie et la Norique, qu’ils laissèrent dans une situation paisible et florissante. L’empereur d’Orient réclamait la souveraineté de ces deux provinces ; mais leur possession fut abandonnée à quiconque voudrait les envahir. Les rives opposées du Danube, les plaines de la Haute-Hongrie et les collines de la Transylvanie étaient occupées, depuis la mort d’Attila, [Les Gépides.]par des tribus des Gépides, qui craignaient les armes des Goths et méprisaient, non pas, à la vérité, l’or des Romains, mais les secrets motifs auxquels ils devaient

    de l’empereur et de l’empire à la vieillesse de Justinien ; mais, hélas ! Justinien ne fut jamais jeune.

  1. Cette funeste politique que Procope attribue à l’empereur (Anecdot., c. 19), se trouve en effet dans une lettre de Justinien à un prince scythe, qui était en état de la comprendre. Αγαν προμηθη και αγχινο‌υσ‌τατον, dit Agathias, l. V, p. 170, 171.