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Le premier des Romains était toujours l’esclave de sa femme ; mais cet esclavage de l’habitude et de l’affection devint moins avilissant lorsque la mort de Théodora en eut écarté le honteux sentiment de la crainte. Joannina, leur fille et la seule héritière de leur fortune, était fiancée à Anastase, petit-fils ou plutôt neveu de l’impératrice[1], dont l’indulgence avait favorisé leurs amours et hâté leurs plaisirs. Théodora eut à peine rendu le dernier soupir, qu’on oublia ses volontés ; Bélisaire et Antonina ne voulurent plus consentir à ce mariage ; et l’honneur, et peut-être le bonheur de Joannina furent sacrifiés à la vengeance d’une mère insensible, qui rompit cette union que n’avaient pas sanctifiée les cérémonies de l’Église[2].

    d’une charge militaire, on le rendrait d’une manière plus exacte et plus convenable par magister militum. (Ducange, Gloss. græc. p. 1458, 1459).

  1. Alemannus (ad Hist. Arcan. p. 68), Ducange (Fam. Byzant., p. 98), et Heineccius (Hist. juris civilis, p. 434), parlent tous trois d’Anastase comme du fils de la fille de Théodora, et leur opinion est fondée sur le témoignage non équivoque de Procope. (Anecd., c. 4, 5, θυγατριδω répété deux fois). Toutefois j’observerai, 1o. qu’en 547, Théodora pouvait difficilement avoir un petit-fils en âge de puberté ; 2o. qu’on ne connaît point du tout cette fille et son mari ; 3o. que Théodora cachait ses bâtards, et que son petit-fils, issu de Justinien, aurait été l’héritier présomptif de l’empire.
  2. Les αμαρτηματα ou fautes du héros en Italie et après son retour, sont dévoilées, απαρακαλυπτως, et vraisemblablement exagérées par l’auteur des Anecdotes, c. 4, 5. La jurisprudence incertaine de Justinien favorisait les des-