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main, et dit : « Seigneur, ayez pitié de votre serviteur. — Pélage, lui répondit Totila avec un sourire insultant, votre orgueil s’abaisse donc maintenant au langage de la prière ? — Je suis un suppliant, lui répliqua le prudent archidiacre ; Dieu nous a soumis à votre pouvoir ; et en qualité de vos sujets, nous avons droit à votre clémence. » Son humble prière sauva les Romains ; et la pudeur des jeunes filles et des matrones romaines fut sauvée de la fureur des soldats ; mais on leur permit de piller la ville, après qu’on eut réservé pour le trésor royal les dépouilles les plus précieuses. Les maisons des sénateurs étaient remplies d’or et d’argent ; et la honteuse et coupable avidité de Bessas se trouva n’avoir travaillé que pour le profit du vainqueur. Dans cette révolution, les fils des consuls éprouvèrent la misère qu’ils avaient rebutée ou qu’ils avaient soulagée ; ils errèrent, couverts de haillons, au milieu des rues de la ville, et mendièrent leur pain, peut-être sans succès, à la porte des maisons de leurs pères. Rusticiana, fille de Symmaque et veuve de Boëce, avait généreusement sacrifié ses richesses pour soulager les maux de la famine, mais on l’accusa auprès des Bar-

    pape, l’Église de Rome fut gouvernée d’abord par l’archidiacre Pélage, ensuite (A. D. 555) pape Pélage, qui passait pour n’être pas innocent des violences exercées contre son prédécesseur. Voy. les Vies originales des Papes, sous le nom d’Anastase ; Muratori (Script. rer. italicarum, t. III, part. I, p. 130-131), qui raconte plusieurs incidens curieux des siéges de Rome et des guerres d’Italie.