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murs avec une corde, tandis que leurs camarades dormaient et que leurs officiers étaient absens, proposèrent en secret au roi des Goths d’introduire ses troupes dans la ville. On les reçut avec froideur et avec défiance : ils revinrent sains et saufs ; ils retournèrent deux fois chez l’ennemi ; la place fut examinée deux fois : la conspiration fut révélée, mais on ne voulut pas y faire attention ; et dès que Totila fut d’accord avec les conjurés, ceux-ci ouvrirent la porte Asinaire et laissèrent entrer les Goths. Craignant quelque trahison ou quelque embuscade, ils demeurèrent en bataille jusqu’à la pointe du jour ; mais Bessas et ses troupes avaient déjà pris la fuite ; et lorsqu’on pressa le roi de harceler leur retraite, il répondit avec sagesse que rien n’était si agréable que la vue d’un ennemi en fuite. Les patriciens auxquels il restait encore des chevaux, Décius, Basilius, etc., accompagnèrent le gouverneur : les autres, parmi lesquels Procope nomme Olybrius, Oreste et Maxime, se réfugièrent dans l’église de Saint-Pierre ; mais lorsqu’il assure qu’il ne resta que cinq cents personnes dans la place, on peut concevoir quelque doute sur la fidélité de l’historien ou sur celle du texte. Le jour vint éclairer la victoire complète des Goths ; et leur monarque se rendit en dévotion au tombeau du prince des Apôtres ; mais tandis qu’il priait au pied de l’autel, vingt-cinq soldats et soixante citoyens furent égorgés sous le vestibule. L’archidiacre Pélage[1] se présenta devant lui, les évangiles à la

  1. Durant le long exil de Vigile, et après la mort de ce