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du Tibre, il avait joint les deux bords par de fortes poutres qui formaient une espèce de pont sur lequel il plaça deux tours élevées, qu’il garnit des plus braves d’entre les Goths, et qu’il munit d’une grande provision d’armes de trait et de machines d’attaque. Une grosse et forte chaîne de fer empêchait l’approche du pont et celle des tours, et ses deux extrémités, sur les deux bords de la rivière, étaient défendues par un nombreux détachement d’archers d’élite. L’entreprise que forma Bélisaire de forcer ces barrières et de secourir la capitale, offre un exemple remarquable de sa hardiesse et de son habileté. Sa cavalerie partit du port, et s’avança le long du chemin public, afin de contenir les mouvemens et de distraire l’attention de l’ennemi : il plaça son infanterie et ses munitions sur deux cents gros bateaux : chacun de ces bateaux avait un rempart élevé, de grosses planches percées d’une grande quantité de petits trous qui devaient donner passage aux armes de trait. À son front deux grands navires, joints l’un à l’autre, soutenaient un château flottant qui dominait les tours du pont, et était chargé de feux de soufre et de bitume. La flotte, conduite par le général en personne, remonta paisiblement le courant de la rivière. Son poids rompit la chaîne ; et les ennemis qui gardaient les bords furent massacrés ou dispersés. Dès qu’elle eut touché la principale barrière, le brûlot s’attacha au pont ; les flammes consumèrent une des tours avec deux cents Goths. Les assaillans poussèrent des cris de victoire, et Rome