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mois, ils ne voyaient arriver aucun secours. L’audacieux Barbare leur accorda trois mois au lieu d’un, persuadé, avec raison, que la famine hâterait le terme de leur capitulation. Après la réduction de Naples et de Cumes, la Lucanie, la Pouille et la Calabre se soumirent au roi des Goths. Totila conduisit son armée aux portes de Rome ; et après avoir établi son camp à Tivoli, à vingt milles de la capitale, il engagea tranquillement le sénat et le peuple à comparer la tyrannie des Grecs avec le bonheur dont on jouissait sous la domination des Goths.

Contraste de vices et de vertus.

Les succès de Totila peuvent être en partie attribués à la révolution que trois années d’expérience avaient produite dans l’esprit des peuples de l’Italie. D’après l’ordre ou du moins au nom d’un empereur catholique, le pape[1], leur père spirituel, avait été arraché de l’Église de Rome, et on l’avait laissé mourir de faim ou assassiné dans une île déserte[2]. À la place du vertueux Bélisaire, onze chefs, également corrompus et différant seulement par la variété de leurs vices, accablaient Rome, Ravenne,

  1. Sylvère, évêque de Rome, fut d’abord transporté à Patara, dans la Lycie, et mourut ensuite de faim (sub eorum custodiâ inediâ confectus) dans l’île de Palmaria, A. D. 538, le 20 juin. (Liberat. in Breviar., c. 22 ; Anastase, in Sylverio ; Baronius, A. D. 540, nos 2, 3 ; Pagi, in vit. Pont., tom. I, p. 285, 286.) Procope (Anecdot., c. 1) n’impute cette mort qu’à l’impératrice et à Antonina.
  2. Palmaria est une petite île en face de Terracine et de la côte des Volsques. (Cluvier, Ital. antiq., l. III, c. 7, p. 1014.)