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vigueur et le succès de l’administration de l’eunuque Salomon, rétablirent la soumission dans le camp et maintinrent, durant quelque temps, la tranquillité de l’Afrique ; mais les vices de la cour de Byzance faisaient sentir leur influence jusque dans cette province éloignée : les soldats se plaignaient de ne recevoir ni solde ni secours ; et quand les désordres publics furent au point favorable à ses desseins, Stoza reparut vivant, en armes et aux portes de Carthage. Il fut tué dans un combat singulier ; et, au milieu des angoisses de la mort, il sourit en apprenant que sa javeline avait percé le cœur de son adversaire. L’exemple de Stoza, et la persuasion que le premier roi fut un soldat heureux, échauffèrent l’ambition de Gontharis : celui-ci promit, dans un traité particulier, de partager l’Afrique avec les Maures, si, avec leur dangereux secours, il pouvait monter sur le trône de Carthage. Le faible Aréobinde, incapable de gouverner, soit durant la paix, soit durant la guerre, était arrivé à l’emploi d’exarque par son mariage avec la nièce de Justinien. Une sédition des gardes le renversa tout à coup, et ses abjectes supplications provoquèrent le mépris de l’inexorable rebelle sans exciter sa pitié. Après un règne de trente jours, Gontharis fut poignardé à son tour par Artaban, au milieu d’un festin ; et ce qui est assez singulier, un prince arménien, de la famille royale des Arsacides, rétablit à Carthage l’autorité de l’Empire romain. Tous les détails de la conspiration qui arma la main de Brutus contre les jours de César, sont curieux et importans pour la