Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Kent, et la nombreuse colonie qu’il avait placée dans le Nord fut extirpée par la valeur des Bretons. Les efforts et la persévérance de trois générations martiales fondèrent la monarchie des Saxons occidentaux. Cerdic, un des plus braves descendans de Wodin, passa toute sa vie à la conquête du Hampshire et de l’île de Wight ; et les pertes qu’il éprouva à la bataille de Mount-Badon le réduisirent à un repos sans gloire. Le vaillant Kenric, son fils, s’avança dans le Wiltshire, assiégea Salisbury, située alors sur une éminence, et défit une armée qui venait au secours de la ville. Quelque temps après, à la bataille de Marlborough[1], les Bretons déployèrent leurs talens militaires. Leur armée formait trois lignes, chacune composée de trois corps différens ; et la cavalerie, les piquiers et les archers, furent rangés selon les principes de la tactique des Romains. Les Saxons, rassemblés en une seule colonne serrée, fondirent vaillamment avec leurs courtes épées sur les longues lances des Bretons, et soutinrent jusqu’à la nuit l’égalité du combat. Deux batailles décisives, la mort de trois rois bretons et la réduction de Cirencester, Glocester et Bath, assurèrent la gloire et la puis-

  1. À Beran-Birig ou Barbury-Castle, près de Marlborough ; la Chronique saxonne cite le nom et la date. Camden (Britannia, vol. I, p. 128) fixe le lieu ; et Henri d’Huntingdon (Scriptores post Bedam, p. 314) raconte les circonstances de cette bataille. Elles paraissent probables, et les historiens du douzième siècle ont pu consulter des autorités qui n’existent plus.