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nombre dépendait de ses moyens et de sa réputation : il équipait une flotte qui pouvait n’être composée que de trois navires, et qui pouvait en comprendre soixante, choisissait le lieu de l’attaque, et dirigeait ses opérations subséquentes suivant les événemens de la guerre, ou conformément à ses intérêts particuliers. Dans l’invasion de la Bretagne, un grand nombre de héros, alternativement vainqueurs et vaincus, furent enfin victimes de leur ambition. Sept chefs victorieux seulement prirent le titre de rois, et le conservèrent. Les conquérans fondèrent l’heptarchie saxonne, composée de sept trônes indépendans, et de sept familles, dont une s’est perpétuée par les femmes jusqu’au souverain actuel de l’Angleterre, et qui prétendaient toutes tirer leur origine sacrée de Wodin, le dieu de la guerre. On a voulu que cette république de rois ait été présidée par un conseil général et un magistrat suprême ; mais ce système de politique compliquée est trop opposé au génie grossier et turbulent des Saxons. Leurs lois n’en parlent point, et leurs annales obscures ne présentent que le spectacle de la discorde et de la violence[1].

  1. Bède a compté sept rois, deux Saxons, un Jute et quatre Angles, qui acquirent successivement dans l’heptarchie une supériorité de puissance et de renommée ; mais leur règne était fondé sur la conquête et non sur la loi. Il observe toujours dans les mêmes termes qu’il a employés pour désigner le genre de leur puissance, que l’un d’eux soumit les îles de Man et d’Anglesey, et qu’un autre imposa un tribut aux Pictes et aux Écossais. Hist. ecclésiast., l. II, c. 5, p. 83.