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séparés du reste du genre humain par la chaîne escarpée des Pyrénées. Nous avons déjà fait connaître de leurs mœurs et de leurs institutions, tout ce qui leur était commun avec différentes tribus de la Germanie. J’ai anticipé, dans le chapitre précédent, sur les événemens religieux les plus importans de leur empire, la chute de l’arianisme, et la persécution des Juifs ; et il ne me reste à observer que quelques circonstances relatives à la constitution civile et ecclésiastique du royaume d’Espagne.

Assemblée législative de l’Espagne.

Lorsque les Francs et les Visigoths eurent renoncé à l’idolâtrie, et enfin à l’hérésie de l’arianisme, ils se montrèrent également disposés à subir les inconvéniens inhérens à la superstition, et à profiter des avantages passagers qu’elle peut offrir : mais longtemps avant l’extinction de la race mérovingienne, les prélats de France n’étaient plus que des chasseurs et des guerriers barbares. Ils dédaignaient l’usage antique des synodes, oubliaient les règles de la tempérance et de la chasteté, et préféraient les jouissances du luxe et de l’ambition personnelle à l’intérêt général de la profession ecclésiastique[1]. Les

    de Tours, les Saxons ou Angles un Bède, les Lombards un Paul Warnefrid, etc. ; mais on ne trouve l’histoire des Visigoths que dans les Chroniques concises et imparfaites d’Isidore de Séville et de Jean de Biclar.

  1. Telles sont les plaintes de saint Boniface, l’apôtre de la Germanie et le réformateur de la Gaule, t. IV, p. 94. Les quatre-vingts ans de licence et de corruption qu’il déplore semblent annoncer que les Barbares furent admis dans le clergé vers l’année 660.