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tique libérale des Mérovingiens ; mais trois Romains exercèrent successivement le commandement en chef de la Bourgogne avec le titre de patrice : Mummolus, le dernier et le plus puissant[1], tantôt le sauveur et tantôt le perturbateur de la monarchie, avait supplanté son père dans le poste de comte d’Autun, et laissa dans son trésor trente talens en or et deux cent cinquante talens en argent. Les Barbares sauvages et ignorans furent exclus, durant plusieurs générations, des dignités et même des ordres ecclésiastiques[2]. Le clergé de la Gaule était presque entièrement composé de natifs. L’orgueil des Francs s’humiliait aux pieds de leurs sujets décorés du caractère épiscopal ; et la dévotion leur restitua peu à peu les richesses et la puissance dont les avait dépouillés le sort des armes[3]. Dans les affaires temporelles,

    l. VI, c. 9, 10. Les antiquaires français posent pour principe que les Romains et les Barbares sont faciles à distinguer par leurs noms. Leurs noms sont sans doute une présomption ; cependant, en lisant saint Grégoire de Tours, j’ai observé un Gondulfus d’extraction romaine ou sénatoriale (l. VI, c. 11, tom. II, p. 273), et un Claudius, Barbare (l. VII, c. 29, p. 303).

  1. Ennius Mummolus est cité à différentes fois par saint Grégoire de Tours, depuis le quatrième livre (c. 42, p. 224) jusqu’au septième (c. 40, p. 310). Le calcul par talens est assez extraordinaire ; mais si saint Grégoire attachait un sens à ce mot inusité, les trésors de Mummolus devaient excéder cent mille livres sterling.
  2. Voy. Fleury, Discours 3 sur l’histoire ecclésiastique.
  3. L’évêque de Tours a consigné lui-même dans ses écrits les plaintes de Chilpéric, petit fils de Clovis. Ecce pauper