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Childebert et de la province. Au premier bruit de guerre ou de conspiration, on condamna ces jeunes infortunés à la plus humiliante servitude ; et l’un d’eux, Attale[1], dont les aventures sont plus particulièrement connues, fut réduit à garder les chevaux de son maître dans le diocèse de Trèves. Après l’avoir cherché long-temps, les émissaires de son grand-père Grégoire, évêque de Langres, le découvrirent dans cette vile occupation ; et son avide maître se refusant à toutes les offres raisonnables, exigea dix livres d’or pour le prix de sa rançon. Léon, esclave et cuisinier de l’évêque de Langres[2], se servit d’un stratagème pour le délivrer : un agent inconnu présenta Léon au Barbare, qui l’acheta au prix de douze pièces d’or, et apprit avec joie qu’il

  1. L’histoire d’Attale se trouve dans saint Grégoire de Tours, l. III, c. 16, t. II, p. 193-195. Son éditeur, le père dom Ruinart, confond cet Attale encore enfant, puer, dans l’année 532, avec un ami de Sidonius du même nom, et qui était comte d’Autun cinquante ou soixante ans plus tôt. Cette erreur, qui ne peut être imputée à l’ignorance, est si grossière, qu’elle en devient en quelque sorte moins répréhensible.
  2. Ce Grégoire, bisaïeul de saint Grégoire de Tours (t. II, p. 197, 490), vécut quatre-vingt-douze ans ; il fut quarante ans comte d’Autun, et trente-deux ans évêque de Langres. Si l’on peut en croire le poète Fortunatus, Grégoire fit admirer également son mérite dans ces deux postes distingués.

    Nobilis antiquâ decurrens prole parentum,
     Nobilior gestis, nune super astra manet.
    Arbiter ante ferox, dein pius ipse sacerdos,
     Quos domuit Judex, fovet amore patris.