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d’Arles et de Marseille ; d’Arles qui était encore le siége d’un préfet du prétoire, et de Marseille qui jouissait des avantages de la navigation[1] et d’un commerce florissant. L’autorité impériale confirma cette transaction ; et Justinien, en cédant aux Francs la souveraineté des provinces au-delà des Alpes, qu’ils possédaient déjà, dispensa généreusement les provinciaux de leur serment de fidélité, et donna une base plus légitime, mais non pas plus solide, au trône des Mérovingiens[2]. Depuis cette époque, ils jouirent du droit de célébrer les jeux du Cirque dans la ville d’Arles ; et par un privilége particulier que le roi de Perse lui-même n’avait pu obtenir, la monnaie d’or, frappée à leur coin et à leur image, fut légalement reçue dans toutes les provinces de l’empire[3]. Un historien grec de ce temps a loué les

  1. Sous les rois Mérovingiens, Marseille tirait encore de l’Orient du papier, du vin, de l’huile, de la toile, des soieries, des pierres précieuses, des épices, etc. Les Gaulois ou les Francs commerçaient en Syrie, et les Syriens s’établissaient dans la Gaule. Voyez M. de Guignes, Mém. de l’Acad., t. XXXVII, p. 471-475.
  2. Ου γαρ ποτε ῳοντο Γαλλιας ξυν τῳ ασφαλει κεκθησθαι φρανγοι, μη το‌υ αυτοκρατορος το εργον εϖισφραγισαντος το‌υτο γε. Cette déclaration positive de Procope (De bell. goth., l. III, c. 33, t. II, p. 41) suffirait presque pour justifier l’abbé Dubos.
  3. Les Francs, qui exploitèrent probablement les mines de Trèves, de Lyon et d’Arles, imitèrent la monnaie de l’empire, en faisant d’une livre d’or soixante-douze solidi ou pièces. Mais comme les Francs n’établissaient qu’une