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Ce prince et des soldats d’élite qui lui servaient d’escorte, étaient seuls à cheval, et armés de lances : l’infanterie, sans arcs et sans piques, n’avait qu’un bouclier, une épée et une hache de bataille à deux tranchans, qui, entre leurs mains, portait des coups sûrs et mortels. L’invasion des Francs fit trembler l’Italie ; le prince goth et Bélisaire, qui ignoraient leurs desseins, recherchèrent, chacun de leur côté, l’amitié de ces alliés dangereux. Le petit-fils de Clovis dissimula ses intentions jusqu’au moment où il se fut assuré du passage du , sur le pont de Pavie ; et il les manifesta, en attaquant, presque le même jour, les camps ennemis des Romains et des Goths. Les Goths et les Romains, au lieu de se réunir, s’enfuirent avec une égale précipitation ; la fertile Ligurie et la province Émilienne furent abandonnées à une horde de Barbares indisciplinés, qui, ne songeant ni à s’y établir, ni à y faire des conquêtes, se livraient à toute leur fureur. Parmi les villes qu’ils ruinèrent, on cite Gènes, qui n’était pas encore bâtie en marbre ; et il paraît que la mort de plusieurs milliers d’hommes qui périrent selon les lois de la guerre, excita moins d’horreur que le sacrifice de quelques femmes et de quelques enfans impunément immolés aux dieux dans le camp du roi très-chrétien. Si par une triste destinée les maux les plus cruels

    saint Grégoire de Tours, l. III, c. 32, in t. II, des Historiens de France. Saint Grégoire suppose que Bélisaire fut battu ; et Aimoin (De gest. francor., l. II, c. 23, in t. II, p. 59) dit qu’il fut tué par les Francs.