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poir, demandèrent à grands cris qu’on les laissât partir avant que la trêve fût expirée et que la cavalerie romaine fût réunie. Une année et neuf jours après le commencement du siége, cette armée des Goths, peu de temps auparavant nombreuse et triomphante, brûla ses tentes et repassa en désordre le pont Milvius. Cette retraite fut pour eux l’occasion d’un nouveau désastre. Attaqués et pressés dans cet étroit passage, ils furent en foule précipités dans le Tibre, soit par leur frayeur ou par les coups de l’ennemi ; et le général romain, sortant par la porte Pincienne, rendit la fuite honteuse et meurtrière. Cette troupe de malades et de soldats abattus s’éloigna lentement en se traînant sur la voie Flaminienne, d’où elle fut forcée de s’écarter quelquefois, de peur de tomber au milieu des garnisons qui défendaient le grand chemin de Rimini et de Ravenne. Au reste, cette armée en fuite était encore si redoutable, que Vitigès en détacha dix mille hommes pour la défense des villes qu’il avait le plus d’intérêt à conserver, et qu’il ordonna à Uraias, son neveu, d’aller avec le même nombre d’hommes châtier la ville rebelle de Milan ; ensuite, à la tête du reste de ses troupes, il assiégea Rimini, qui n’était éloignée que de trente-trois milles de la capitale des Goths. Un faible rempart et un fossé peu profond, seules fortifications de cette place, furent défendus par l’habileté et la valeur de Jean-le-Sanguinaire qui partagea le danger et la fatigue du dernier des soldats, et déploya, sur un théâtre moins éclatant, toutes les qualités militaires