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la porte Asinaire, voisine de l’église de Saint-Jean-de-Latran. Plusieurs sénateurs, convaincus ou soupçonnés de trahison, furent bannis ; [Exil du pape Silvère. A. D. 537. Nov. 17.]et le pape Silvère eut ordre d’aller répondre au représentant de son souverain à son quartier-général au palais Pincius[1]. Les ecclésiastiques qui suivirent leur évêque furent retenus dans le premier ou le second appartement[2] ; et le pape seul fut admis à l’audience de Bélisaire. Le vainqueur de Rome et de Carthage était modestement assis aux pieds d’Antonina, couchée sur un lit magnifique : le général se tut ; mais son impérieuse épouse chargea le pontife de reproches et de menaces. Accusé par des témoins dignes de foi et par sa propre signature, le successeur de saint Pierre fut dépouillé de ses ornemens pontificaux, revêtu d’un habit de moine ; on l’exila dans un coin de l’Orient, et on le fit partir tout de suite. Le clergé de Rome procéda, par l’ordre de l’empereur, au choix d’un nouvel évêque ; et après qu’on eut invoqué solennellement le Saint--

  1. Le nom du palais, de la colline et de la porte adjacente venait du sénateur Pincius. Des restes de temples et d’églises sont aujourd’hui dispersés dans le jardin des Minimes de la Trinité du Mont. (Nardini, l. IV, c. 7, p. 196 ; Eschinard, p. 209, 210) : voyez aussi le vieux plan de Buffalino et le grand plan de Nolli. Bélisaire avait établi son quartier entre la porte Pincia et la porte Salaria. (Procope, Goth., l. I, c. 15).
  2. Le primum et le secundum velum paraissent indiquer que, même durant le siége, Bélisaire représentait l’empereur, et faisait observer l’orgueilleux cérémonial du palais de Byzance.