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délais sont toujours funestes pour des Barbares qui saccagent les pays où ils passent ; et quand même Clovis aurait eu le loisir et des matériaux, il paraissait impraticable de construire un pont, et de forcer le passage en présence d’un ennemi supérieur en forces ; mais il était aisé d’obtenir des paysans empressés de servir leurs libérateurs, la connaissance de quelque gué ignoré ou mal gardé, et l’on employa utilement la fraude ou la fiction à rehausser le mérite de cette découverte. Une biche blanche, remarquable par sa taille et par sa beauté, sembla conduire et animer l’armée des catholiques. Le trouble et l’irrésolution régnaient dans le conseil des Visigoths. Une foule de guerriers impatiens, présomptueux, et dédaignant de fuir devant les brigands de la Germanie, excitèrent Alaric à soutenir la gloire du sang et du nom de l’ancien conquérant de Rome. Les plus prudens de ses chefs l’engageaient à éviter la première impétuosité des Francs, et à attendre dans les provinces méridionales de la Gaule les vieilles troupes victorieuses des Ostrogoths, que le roi d’Italie avait fait partir pour joindre son armée. Les momens décisifs se passaient en vaines délibérations. Les Goths abandonnèrent trop précipitamment, peut-être, une position avantageuse ; et perdirent, par leurs manœuvres lentes et incertaines, l’occasion de faire sûrement leur retraite. Lorsque Clovis eut passé le gué, nommé depuis le gué du Cerf, il avança rapidement pour prévenir la fuite de l’ennemi. Un météore enflammé, suspendu au-dessus de