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reste de ses jours, aux innocens plaisirs de la philosophie et de l’agriculture. Il confia les deux traités à l’ambassadeur, après avoir pris la vaine précaution de lui faire promettre, sous serment, de ne montrer le second que lorsqu’on aurait rejeté le premier. Il est aisé de prévoir ce qui arriva. Justinien demanda et accepta l’abdication du roi des Goths. Son infatigable émissaire revint de Constantinople à Ravenne avec d’amples instructions. Une belle épître, qui louait la sagesse et la générosité du roi philosophe, accorda la pension ; on promit tous les honneurs dont pourrait jouir un sujet et un catholique ; et on renvoya sagement l’exécution définitive du traité au moment où il serait appuyé par la présence et l’autorité de Bélisaire. Mais sur ces entrefaites, deux généraux romains, qui étaient entrés dans la province de Dalmatie, furent battus et massacrés par les Goths. L’aveugle et lâche désespoir de Théodat fit place à une présomption qui lui devint funeste[1] ; il osa menacer et traiter avec mépris l’ambassadeur de Justinien, qui réclama les paroles données, demanda le serment des sujets, et soutint fièrement l’inviolable privilége de son caractère. La marche de Bélisaire dissipa cet accès et ces chimères de l’orgueil ; et la réduction de la Sicile ayant employé la première

  1. Une sibylle se hâta de prononcer : Africâ captâ, mundus cum nato peribit, oracle d’une ambiguité effrayante (Goth., l. I, c. 7), qui a été publié en caractères inconnus, par Opsoæns. Le père Maltret avait promis un commentaire ; mais il n’a rempli aucune de ses promesses.