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Règne et faiblesse de Théodat, roi des Goths d’Italie. A. D. 534. Octobre. A. D. 536. Août.

Quoique Théodat descendît d’une race de héros, il ignorait l’art de la guerre, et il en craignait les dangers. Quoiqu’il eût étudié les écrits de Platon et de Cicéron, la philosophie n’avait pas eu le pouvoir de purifier son cœur des passions les plus basses, l’avarice et la peur. L’ingratitude et un assassinat l’avaient élevé sur le trône ; à la première menace de l’ennemi, il avilit sa majesté et celle de sa nation, qui déjà dédaignait cet indigne souverain. Effrayé par l’exemple récent de Gelimer, il se voyait déjà chargé de chaînes et traîné au milieu de Constantinople : l’éloquence de Pierre, envoyé de l’empereur, accroissait la terreur qu’inspirait Bélisaire ; et cet audacieux et adroit ambassadeur lui persuada de signer une convention trop ignominieuse pour devenir le fondement d’une paix durable. On stipula que, dans les acclamations du peuple romain, le nom de l’empereur précéderait toujours celui du roi des Goths, et que toutes les fois qu’on élèverait à Théodat une statue en bronze ou en marbre, la divine image de Justinien serait placée à sa droite. Le roi d’Italie, qui jusque alors avait nommé les sénateurs, fut réduit à solliciter les honneurs du sénat ; on déclara que, sans l’aveu de l’empereur, il ne pourrait faire exécuter un arrêt de mort ou de confiscation contre un prêtre ou un sénateur. Le faible monarque renonça à la Sicile ; il promit d’offrir chaque année, pour marque de sa dépendance, une couronne d’or du poids de trois cents livres ; il promit, de plus, de fournir, à la réquisition de son souverain, trois mille auxiliaires au service