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tre les funestes desseins de ses favoris et des ennemis de sa mère. Amalasonthe, environnée d’ennemis domestiques, entama une négociation secrète avec l’empereur Justinien, qui lui promit de la recevoir dans sa cour d’une manière amicale ; elle avait déjà déposé à Dyrrachium, en Épire, un trésor de quatre-vingt mille marcs d’or. Il eût été heureux, pour sa gloire et pour sa sûreté, qu’elle se fût tranquillement éloignée d’une faction de Barbares pour jouir à Constantinople de la paix et d’un asile honorable : mais elle se laissa enflammer par l’ambition et la vengeance ; et tandis que ses vaisseaux mouillaient dans le port, elle attendait le succès d’un crime que ses passions lui présentaient comme un acte de justice. Sous le prétexte de donner un emploi de confiance à trois des mécontens les plus dangereux, elle les avait relégués séparément sur les frontières de l’Italie ; ses émissaires secrets les assassinèrent : la mort de ces Goths d’extraction noble la rendit maîtresse absolue dans le palais de Ravenne, et justement odieuse à un peuple libre. Elle avait déploré les désordres de son fils, et elle pleura bientôt sa mort. L’intempérance d’Athalaric termina sa carrière à seize ans : sa mère se vit privée alors de soutien, et sans autorité légale. Au lieu de se soumettre aux lois de son pays, où l’on regardait comme une maxime fondamentale que la succession ne peut jamais tomber de lance en quenouille, la fille de Théodoric conçut l’impraticable dessein de partager avec un de ses cousins les marques de la royauté, en se ré-