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Cilicie et de l’Ionie, étaient rassemblés dans le port de Constantinople. Le plus petit de ces bâtimens pouvait être environ du port de trente tonneaux, et le plus considérable de cinq cents. Le terme moyen donnera, sans enfler le calcul, un résultat de cent mille tonneaux[1] ; le transport était de trente-cinq mille soldats et matelots, cinq mille chevaux, des armes, des machines, et des munitions de guerre, et une provision d’eau et de vivres pour un voyage qui pouvait durer trois mois. On ne voyait plus dès long-temps ces fières galères, qui, dans les premiers siècles, sillonnaient la Méditerranée de leurs milliers de rames ; et quatre-vingt-douze brigantins légers, à couvert des armes de trait de l’ennemi, et menés par deux mille hommes de la plus robuste et de la plus brave jeunesse de Constantinople, escortaient

  1. Procope semble fixer les dimensions des navires les plus grands à cinquante mille médimnes ou trois mille tonneaux (puisque le médimne pesait cent soixante livres romaines ou cent vingt livres avoir du poids). J’ai adopté une interprétation plus raisonnable, en supposant que cet écrivain, dans son style attique, a voulu désigner le modius légal et populaire, qui était la sixième partie du médimne (Hooper, Ancient Measures, p. 152, etc). Une erreur contraire et bien plus étrange s’est glissée dans une oraison de Dinarque (contra Demosthenem, in Reiske orator. græc., t. IV, part. II, p. 34) ; en réduisant le nombre des vaisseaux de cinq cents à cinquante, et en traduisant μεδιμνοι par mines ou livres, le président Cousin donne généreusement cinq cents tonneaux à toute la flotte impériale. Je voudrais savoir s’il avait jamais réfléchi.