Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la succession, et à permettre qu’un vieillard infirme terminât en paix sa carrière sur le trône de Carthage ou dans le palais de Constantinople. Les passions ou peut-être même la prudence de Gelimer ne lui permettaient pas de se rendre à des remontrances faites du ton de la menace et de l’autorité ; pour justifier son ambition, il prit un langage qu’on ne parlait guère à la cour de Byzance ; il allégua le droit qu’ont les peuples libres de déposer ou de punir le magistrat suprême qui remplit mal les fonctions de la royauté. À la suite de cette inutile tentative, le monarque captif fut traité avec plus de rigueur ; on creva les yeux à son neveu ; et le cruel Vandale, qui se reposait sur sa force et sur l’éloignement, se moqua des vaines menaces et des lents préparatifs de l’empereur. Justinien résolut de délivrer et de venger son ami : Gelimer résolut, de son côté, de garder le pouvoir qu’il usurpait ; et, selon l’usage des nations civilisées, avant de commencer la guerre, chacun des partis protesta solennellement qu’il désirait sincèrement la paix.

Discussions sur les guerres d’Afrique.

Le bruit d’une guerre d’Afrique ne satisfit que l’oisive populace de Constantinople que sa pauvreté exemptait des impôts, et dont la lâcheté se voyait rarement exposée aux dangers du service militaire ; mais les citoyens sages, qui jugeaient de l’avenir par le passé, se souvenaient de l’immense perte d’hommes et d’argent qu’avait soufferte l’empire dans l’expédition de Basiliscus. Les troupes, rappelées des frontières de Perse, après cinq campagnes labo-