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peu, fut de mille au bout de huit siècles[1]. Les plus sages et les plus vertueux des princes romains protégèrent les écoles d’Athènes. La bibliothéque que fonda Adrien fut placée dans un portique orné de tableaux, de statues, d’un plafond d’albâtre, et soutenu par cent colonnes de marbre phrygien. La générosité des Antonins assigna des salaires publics aux maîtres des sciences ; et tous les professeurs de politique, de rhétorique, de philosophie platonicienne, péripatéticienne, stoïcienne et épicurienne, recevaient un traitement annuel de dix mille drachmes ou de plus de trois cents livres sterling[2]. Après la mort de Marc-Aurèle, on supprima et on rétablit, on diminua et on étendit ces libéralités, ainsi que les priviléges des professeurs : on retrouve sous les successeurs de Constantin quelque vestige de la magnificence impériale sur ce point ; mais les choix arbitraires des empereurs purent, en tombant sur d’indignes sujets, faire regretter aux philosophes d’Athènes les temps de leur indépendance et de leur

  1. Damascius, in vit. Isidor., apud Phot. (Cod. 242, p. 1054.)
  2. Voyez Lucien (in Eunech., t. II, p. 350-359, édit. de Reitz.), Philostrate (in vit. Sophist., l. II, c. 2) ; et Dion-Cassius ou Xiphilin (l. LXXI, p. 1195), avec les remarques des éditeurs Dusoul, Olearius, Reimar, et par-dessus tous, de Saumaise (ad Hist. Aug., p. 72). Un philosophe judicieux, M. Smith (de la Richesse des Nations, t. II, p. 340-374), préfère les contributions libres des élèves aux salaires fixes assignés à un professeur.