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VII. Justinien supprima les écoles d’Athènes et le consulat de Rome, qui avaient produit tant de sages et tant de héros. Ces deux institutions ne jouissaient plus de leur antique gloire ; cependant on peut, à juste titre, réprouver l’avarice et la méfiance du prince qui détruisit ces antiques et respectables ruines.

Les écoles d’Athènes.

Lorsque les Athéniens eurent triomphé des Perses, ils adoptèrent la philosophie de l’Ionie et la rhétorique de la Sicile ; et ces études devinrent le patrimoine d’une cité où le nombre des habitans mâles ne se montait qu’à trente mille, et qui a offert, dans l’espace d’une génération, le génie de plusieurs siècles et de plusieurs millions d’hommes. Le sentiment que nous avons de la dignité de la nature humaine s’exalte à ce simple souvenir, qu’Isocrate[1] vivait dans la société de Platon et de Xénophon ; qu’il assista peut-être avec l’historien Thucydide aux premières représentations de l’Œdipe de Sophocle, et de l’Iphigénie d’Euripide ; qu’Eschine et Démosthènes, ses élèves, se disputèrent la couronne du patriotisme devant Aristote, le maître de Théophraste, qui donnait des leçons dans Athènes en même temps que les fondateurs de la secte des stoïciens et de celle d’Épi-

  1. Isocrate vécut depuis la quatre-vingt-sixième olympiade 1, jusqu’à la cent dixième 3 ante Christum, 436-338. Voyez Denys d’Halycarnasse (t. II, p. 149-150, édit. de Huds.) et Plutarque ou un anonyme (in vita X. oratorum, p. 1538-1543, édit. H. Étienne. Phot. Cod. 259, p. 1453.)