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mettaient en sûreté la côte orientale de l’Euxin ; et la possession de la Lazica, la Colchide des anciens et la Mingrelie de la géographie moderne, ne tarda pas à devenir l’objet d’une guerre importante. Trébisonde, où des romanciers ont placé ensuite un empire imaginaire, dut à la libéralité de Justinien une église, un aqueduc, et un château dont les fossés sont taillés dans le roc. De cette ville maritime, on peut suivre une frontière de cinq cents milles jusqu’à la forteresse de Circesium, le dernier poste des Romains sur l’Euphrate[1]. Immédiatement au-dessus de Trébisonde, le pays offre au sud, sur un espace de cinq journées de chemin, de sombres forêts et des montagnes escarpées, moins hautes mais aussi sauvages que les Alpes et les Pyrénées. Dans ce climat rigoureux, où les neiges fondent rarement, les fruits sont tardifs et sans saveur, le miel même y est un poison[2]. Le cultivateur le plus in-

    la description plus récente des Missions du Levant (t. I), et dans les écrits de M. Tott et de M. de Peyssonel.

  1. Voyez sur la géographie et les édifices de la frontière de l’Arménie, Procope, Persic. et De ædific., l. II, c. 4-7 ; l. III, c. 2-7.
  2. Tournefort décrit cette contrée (Voyage au Levant, t. III, lettr. 17, 18). Ce savant botaniste ne tarda pas à découvrir la plante qui empoisonne le miel. (Voyez Pline, XXI, 44, 45.) Il observe que les soldats de Lucullus durent en effet se plaindre du froid, puisque la neige tombe quelquefois au mois de juin, même dans la plaine d’Erzeroum, et qu’on n’y achève guère la récolte avant le mois de septembre. Les collines de l’Arménie ne sont pas au quaran-