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les environs ; et les voluptueux jardins et les belles maisons de campagne des sénateurs et des riches citoyens ornaient le territoire de Constantinople, le véritable paradis terrestre ; mais ces richesses ne servirent qu’à attirer les avides Barbares. Les plus nobles des Romains furent arrachés du sein de leur paisible indolence et menés en captivité chez les Scythes. Leur souverain put voir de son palais les flammes qu’un insolent ennemi répandait jusqu’aux portes de la ville impériale. Anastase fut contraint d’établir à quarante milles de Byzance sa dernière frontière. Cette longue muraille, conduite durant un espace de soixante milles, de la Propontide à l’Euxin, annonça l’impuissance de ses armes ; et comme le danger devenait plus imminent, l’infatigable prudence de Justinien y ajouta de nouvelles fortifications[1].

Sécurité de l’Asie après la conquête de l’Isaurie.

L’Asie Mineure, après la soumission des Isauriens, se trouva sans ennemis et sans fortifications[2]. Ces Barbares audacieux, qui avaient refusé de se soumettre à Gallien, conservaient depuis deux cent trente ans leur indépendance et leur goût pour le pillage. Les princes les plus heureux ne crurent pas pouvoir forcer les montagnes de l’Isaurie et craigni-

  1. Voyez dans Evagrius (l. IV, c. 38) une description de la longue muraille. Excepté les détails sur Anchialus (l. III, c. 7), tout cet article est tiré du quatrième livre des Édifices.
  2. Voyez ce que j’ai dit des Isauriens (t. II, c. 10). J’ai quelquefois indiqué, et le plus souvent j’ai négligé les incursions précipitées de ces peuples, qui n’ont eu aucune suite importante.