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garnis de troupes affectaient de répandre au-delà du Danube l’orgueil du nom romain ; mais ce nom n’était plus accompagné de la terreur. Les Barbares, dans leurs incursions annuelles, passaient et repassaient avec dédain devant ces inutiles boulevarts ; et les habitans de la frontière, au lieu de vivre sans inquiétude sous la protection des forces de l’état, se voyaient réduits à garder avec une continuelle vigilance leurs habitations particulières. Justinien repeupla les anciennes villes : on se hâta, beaucoup trop peut-être, de regarder comme imprenables, ou de célébrer comme populeuses celles qu’il venait de fonder, et le plus vain des monarques eut soin de marquer sa reconnaissante vénération pour le fortuné district où il avait reçu le jour. Il fit de l’obscur village de Tauresium la ville de Justiniana prima, résidence d’un archevêque, et d’un préfet qui étendait sa juridiction sur les sept belliqueuses provinces de l’Illyrie[1] : et sous le nom corrompu de Giustendil, vill située environ à vingt milles au sud de Sophia, elle est en-

    n’est pas profonde en cet endroit, le courant n’y est pas impétueux ; l’intervalle d’un bord à l’autre n’est pas, selon Reimar (ad Dion, d’après Marsigli), de plus de quatre cent quarante-trois toises ; et selon d’Anville (Géogr. anc., t. I, p. 305), de plus de cinq cent quinze.

  1. Les deux Dacies, la Mediterranea et la Ripensis, sur la Dardanie, la Prævalitana, la seconde Mœsie et la seconde Macédoine. Voyez Justinien (Novell, II), qui parle de ses châteaux d’au-delà du Danube, et des homines semper bellicis sudoribus inhærentes.