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différentes bandes d’infanterie ou de cavalerie ; et quoiqu’elles prétendissent au nom et aux priviléges de soldats romains, la jeunesse barbare servait depuis longtemps à les recruter. Leur courage défendait encore, mais sans espoir, les dernières fortifications et les débris de l’empire ; mais leur retraite était interceptée et leur jonction devenait impraticable. Abandonnés des princes grecs de Constantinople, ces soldats rejetaient pieusement toute communication avec les usurpateurs ariens de la Gaule ; mais ils acceptèrent sans honte et sans répugnance la capitulation avantageuse offerte par un héros catholique ; et cette postérité, soit légitime ou illégitime des légions romaines, se distinguait encore dans la génération suivante par ses armes, ses enseignes, ses habillemens et ses institutions particulières ; mais ces réunions volontaires n’en augmentaient pas moins les forces nationales, et les peuples voisins des Francs redoutaient leur nombre autant que leur intrépidité. Il paraît que la réduction des provinces septentrionales de la Gaule ne fut pas le résultat d’une seule bataille, mais qu’elle s’opéra lentement, tantôt par des victoires et tantôt par des traités. Clovis n’obtint les différens objets de son ambition que par des efforts ou par des concessions proportionnées à leur valeur. Son caractère féroce et les vertus de Henri IV présentent la nature humaine sous les deux points de vue opposés ; on aperçoit cependant quelque ressemblance dans la situation de deux princes qui con-