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annoncer des soins attentifs pour le bonheur de la capitale, Constantinople, toutefois, ne put échapper à l’avide tyrannie de Justinien. Jusqu’à lui, les détroits du Bosphore et de l’Hellespont avaient été ouverts au commerce ; rien n’était défendu que l’exportation des armes chez les Barbares. À chaque porte de la ville fut établi un préteur, ministre de la cupidité impériale ; on exigea des droits considérables des navires et de leurs marchandises ; on fit retomber cette exaction sur le malheureux consommateur : une disette produite par des manœuvres, et le prix exorbitant du marché, accablèrent le pauvre ; et un peuple accoutumé à vivre de la libéralité de son prince, eut quelquefois à se plaindre du manque d’eau et de pain[1]. Le préfet du prétoire payait chaque année à l’empereur cent vingt mille livres sterling pour le tribut sur l’air, qui n’était établi par aucune loi, et qui n’avait pas un objet bien déterminé ; et on abandonnait à la discrétion de ce puissant magistrat les moyens de recouvrer cette somme. [Monopoles.]4o. Cet impôt lui-même était moins insupportable que les monopoles qui arrêtaient l’industrie, et qui, pour l’appât d’un honteux et faible bénéfice, établissaient un impôt arbitraire sur les besoins et le luxe des sujets de Justinien. « Dès que le trésor impérial (je transcris les Anecdotes) se fut approprié la vente exclusive de la soie, un peuple entier, les manufac-

  1. Jean Malala (t. II, p. 232) parle du défaut de pain, et Zonare (l. XIV, p. 63) dit que Justinien ou ses serviteurs enlevèrent les tuyaux de plomb des aqueducs.