Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ambassadeurs de la Sogdiane avouèrent, sous le règne suivant, que les Romains n’étaient point inférieurs aux Chinois dans l’art d’élever les vers et de travailler les soies[1] ; deux points sur lesquels l’industrie de l’Europe moderne a surpassé la Chine et Constantinople. Je ne suis pas insensible aux plaisirs d’un luxe délicat ; cependant je songe avec quelque tristesse, que si, au lieu de nous apporter au sixième siècle les vers à soie, on nous eût donné l’art de l’imprimerie, que les Chinois connaissaient déjà à cette époque, on eût conservé les comédies de Ménandre, et les décades entières de Tite-Live. Des connaissances plus étendues sur les diverses parties du globe auraient du moins perfectionné la théorie des sciences ; mais les chrétiens travaillaient à tirer des textes de l’Écriture leurs connaissances géographiques, et l’étude de la nature était regardée comme la preuve la plus certaine d’incrédulité : la foi des orthodoxes bornait le monde habitable à l’une des zones tempérées, et représentait la terre comme une surface oblongue, dont la longueur occupait quatre cents jours de voyage, la largeur deux cents, et qui

  1. Procope (l. VIII, Goth. IV, c. 17) ; Théophane, Byzant. apud Phot. (Cod. 84, p. 38) ; Zonare (t. II, l. XIV, p. 69). Pagi (t. II, p. 602) dit que cette mémorable importation eut lieu l’an 502. Menander (in Excerpt. legat., p. 107) parle de l’admiration des Sogdoites ; et Theophylact. Simocatta (l. VII, c. 9) décrit, d’une manière confuse, les deux royaumes rivaux de la Chine où se faisait la soie.