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ou excitait les désirs. Les Phéniciennes effilaient quelquefois le tissu serré des étoffes de la Chine ; elles donnaient ensuite aux fils une contexture plus lâche ; elles y mêlaient du lin et multipliaient ainsi les matières précieuses[1]. Deux siècles après le temps de Pline, l’usage des étoffes composées ou mélangées de soie, était encore réservé aux femmes ; mais les riches citoyens de Rome et des provinces imitèrent peu à peu l’exemple d’Héliogabale, le premier qui, par ces habits efféminés, avilit la dignité impériale et la qualité d’homme. Aurélien se plaignait de ce qu’une livre de soie coûtait à Rome douze onces d’or ; mais les fabriques s’accrurent avec les consommations, et l’augmentation des fabriques en diminua le prix. Si le hasard ou le monopole portèrent quelquefois la valeur des soies au-dessus du prix que nous venons d’indiquer, les manufacturiers de Tyr et de Béryte se virent aussi-bien souvent obligés par les mêmes causes de se contenter du neuvième de ce prix extravagant[2]. Il fallut qu’une loi prescrivît la

  1. Voyez sur le tissu, les couleurs, les noms et l’usage des étoffes de soie, demi-soie et lin, dont on fit usage dans l’antiquité, les recherches profondes, diffuses et obscures du grand Saumaise (in Hist. August., p. 127, 309, 310, 339, 341, 342, 344, 388, 391, 395, 513.) Il n’avait aucune idée des marchandises les plus communes de Dijon ou de Leyde.
  2. Flavius Vopiscus in Aurelium., c. 45, in Hist. August., p. 224. Voyez Saumaise, ad Hist. August., p. 392 ; et Plinian. Exercitat. in Solinumn, p. 694, 695. Les Anecdot. de Procope (c. 25) indiquent d’une manière imparfaite le prix de la soie au temps de Justinien.