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trône encouraient la peine du crime de lèse-majesté[1].

Je n’ai pas besoin d’apprendre à mes lecteurs que la soie sort en un long fil des intestins d’une chenille[2], qui en compose le tombeau doré d’où elle s’élance ensuite sous la forme d’un papillon. Jusqu’au règne de Justinien, on ne connut pas, hors de la Chine, les vers à soie qui se nourrissent des feuilles du mûrier blanc ; les chenilles du pin, du chêne et du frêne étaient communes dans les forêts de l’Asie et de l’Europe ; mais leur éducation étant plus difficile et la production de leur soie plus incertaine, on les négligeait partout, excepté dans la petite île de Céos, près de la côte de l’Attique. On y formait de leur fil une gaze légère ; et ces gazes,

  1. Nous avons eu occasion de donner sur ce point plusieurs preuves historiques, et nous pourrions en rapporter beaucoup d’autres ; mais les actes arbitraires du despotisme s’appuyaient sur les dispositions générales d’une loi modérée. (Cod. Théod., l. X, tit. 21, leg. 3 ; Cod. Justin., l. XI, tit. 8, leg. 5.) Par une distinction honteuse, et une restriction nécessaire, on permit aux mimæ et aux danseuses de porter des habits couleur de pourpre. Cod. Théod., l. XV, tit. 7, leg. 11.
  2. Le ver à soie tient une place distinguée dans l’histoire des insectes, bien plus merveilleuse que les Métamorphoses d’Ovide. Le bombyx de l’île de Céos, tel que le décrit Pline (Hist. nat., XI, 26, 27, avec les notes des deux savans jésuites, Hardouin et Brotier), se rapproche d’une espèce de chenille qu’on trouve à la Chine. (Mémoires sur les Chinois, t. II, p. 575-598.) Mais Théophraste et Pline ne connaissaient ni notre ver à soie ni le mûrier blanc.