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étroite étendue de terrain fort peuplée, pouvait encore, sous le règne de Justinien, envoyer à Constantinople[1] deux cent soixante mille quarters de blé ; et la capitale de l’Orient était approvisionnée par les manufactures de Sidon, célébrées quinze siècles auparavant par Homère[2]. Loin que deux mille récoltes eussent épuisé la force de la végétation, elle se renouvelait et acquérait une nouvelle vigueur par une savante culture, par de fertiles engrais et par des repos bien ménagés. La race des animaux domestiques était très-nombreuse ; les générations successives avaient accumulé les plantations, les édifices et tous ces ouvrages de luxe ou ces instrumens de travail, dont la durée excède le terme de la vie humaine. La tradition conservait et l’expérience simplifiait la pratique des arts mécaniques ; la division du travail et la facilité des échanges enrichissaient la société, et un millier de mains travail-

    que réduit aux abois par la Chronologie des Hébreux, réclame à haute voix pour celle des Samaritains. Div. legat., vol. III, p. 29, etc.

  1. Huit millions de modii romains, outre une contribution de quatre-vingt mille aurei pour les frais de transport par eau : on affranchit l’Égypte de ce dernier impôt. Voyez le treizième édit de Justinien. L’accord des deux textes grecs et des textes latins détermine ces deux quantités.
  2. Iliade d’Hom., VI, 289. Ces voiles, πεπλοι παμποικιλοι, étaient l’ouvrage des femmes de Sidon ; mais ce passage fait plus d’honneur aux manufactures qu’à la navigation de la Phénicie, d’où l’on avait transporté les étoffes à Troie sur des navires phrygiens.