Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tant que durèrent les spectacles à Rome, des querelles sanguinaires et tumultueuses troublèrent les fêtes publiques, et Théodoric, entraîné par la justice ou par l’affection, interposa son autorité en faveur des Verts contre la violence d’un consul et d’un patrice dévoués aux Bleus[1].

Ils divisent Constantinople et l’Orient.

Constantinople adopta les folies de l’ancienne Rome, sans adopter ses vertus ; et les factions qui avaient agité le Cirque, troublèrent l’Hippodrome avec une nouvelle fureur. Sous le règne d’Anastase, le fanatisme de religion accrut cette frénésie populaire, et les Verts qui avaient en trahison caché des pierres et des poignards dans des paniers de fruits, massacrèrent, au milieu d’une fête solennelle, trois mille personnes de la faction des Bleus[2]. La contagion se répandit de la capitale dans les provinces et les villes de l’Orient, et deux couleurs adoptées pour l’amusement du public donnèrent lieu à deux factions puissantes et irréconciliables, qui ébranlèrent les fondemens d’un gouvernement affaibli[3].

  1. Voyez Onuphrius Panvinius, De ludis circensibus, l. I, c. 10, 11 ; la dix-septième note de l’histoire des Germains, par Mascou et Aleman., ad. c. 7.
  2. Marcellin, in Chron., p. 47. Au lieu du mot vulgaire veneta, il emploie les termes plus relevés de cærulea et de cærealis. Baronius (A. D. 501, nos 4, 5, 6) croit que les Bleus étaient orthodoxes, tandis que Tillemont s’irrite contre cette supposition, et ne peut concevoir que des hommes tués dans un spectacle soient des martyrs. Hist. des emper., t. VI, p. 554.
  3. Voyez Procope, Persic., l. I, c. 24. L’historien public