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jeune prince eût excité quelques craintes superstitieuses, Clovis se laissa cependant persuader de répéter sur son second fils cette dangereuse expérience. À la bataille de Tolbiac, au moment du péril, il invoqua à haute voix le dieu de Clotilde et des chrétiens. La victoire le disposa à écouter avec une respectueuse reconnaissance les éloquens discours[1], où saint Remi[2], évêque de Reims, lui développait d’une manière évidente les avantages, soit temporels, soit spirituels, qu’il devait retirer de sa conversion. Le roi déclara qu’il était convaincu de la vérité de la religion catholique. Soit conviction, soit fidélité à leur souverain, les Francs se montrèrent disposés à suivre leur magnanime général aux fonts baptismaux comme sur le champ de bataille, et leurs acclamations firent disparaître les motifs qui auraient

  1. Un voyageur qui retournait de Reims en Auvergne, a dérobé au secrétaire ou au bibliothécaire du modeste archevêque, une copie de ces discours. (Sidonius Apollinar., l. IX, epist. 7.) On a conservé quatre épîtres de saint Remi, qui existent encore, t. IV, p. 51, 52, 53. Elles ne répondent point aux louanges et à l’admiration de Sidonius.
  2. Hincmar, l’un des successeurs de saint Remi (A. D. 845-882), a composé une histoire de sa vie, t. III, p. 373-380. L’autorité des anciens Mss. de l’église de Reims pourrait inspirer quelque confiance ; mais elle est détruite par les audacieux mensonges et les fictions intéressées d’Hincmar. Ce qu’on peut remarquer, c’est que saint Remi, consacré à l’âge de vingt-deux ans (A. D. 457), occupa la chaire épiscopale durant soixante-quatorze ans. (Pagi, Critiq., in Baron., t. II, p. 384-572.)