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vagantes suppositions, insulta leurs personnes, pilla leurs maisons et brûla leurs synagogues. Le gouvernement capable de négliger un pareil outrage, mériterait de s’y voir exposé. On ordonna des recherches juridiques ; les coupables s’étant évadés au milieu de la foule, on condamna la communauté entière à la réparation des dommages, et les fanatiques obstinés qui refusèrent de payer la contribution à laquelle ils avaient été imposés, furent publiquement fustigés dans les rues par la main du bourreau. Cette punition, qui n’était qu’une simple justice, irrita les catholiques ; ils donnèrent des éloges au mérite et à la patience de ces saints confesseurs ; trois cents prédicateurs déplorèrent la persécution de l’Église ; et si Théodoric ordonna de démolir la chapelle de Saint-Étienne à Vérone, il y a lieu de croire qu’elle avait été le théâtre de quelque miracle attentatoire au respect qui lui était dû. Le roi des Goths découvrit, sur la fin de sa glorieuse carrière, qu’il était haï de ce peuple, dont le bonheur avait été l’objet de ses constans travaux. L’indignation, le soupçon, et ce sentiment amer qui est la suite d’une affection méprisée, aigrirent son caractère. Le conquérant de l’Italie s’abaissa jusqu’à désarmer les peuples peu guerriers qu’il avait soumis ; il leur interdit les armes offensives, et ne permit qu’un petit couteau pour les usages ordinaires. Le libérateur de Rome fut accusé de s’être réuni aux plus vils délateurs pour conspirer contre la vie des sénateurs qu’il soupçonnait d’entretenir un commerce perfide avec