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appela devant lui, et il confirma l’élection de celui des deux candidats en qui il trouva le plus de mérite ou le plus de soumission. Sur la fin de sa vie, il prévint, dans un moment de méfiance et de colère, le choix des Romains, et le pape qu’il nomma fut proclamé dans le palais de Ravenne. Un schisme survint ; il sut arrêter sans violence le danger et les querelles qui en furent la suite, et le dernier décret du sénat eut pour objet d’anéantir la vénalité scandaleuse des élections des papes[1].

Défauts de son gouvernement.

J’ai raconté avec plaisir le bonheur de l’Italie sous le règne de Théodoric ; mais le lecteur doit arrêter son imagination, et ne pas croire que l’âge d’or des poètes, espèces d’hommes qui ne semblent connaître ni les vices ni la misère, se soit réalisé durant l’administration des Goths. Quelques nuages obscurcirent ce beau tableau. On peut avoir trompé la sagesse de Théodoric, on peut avoir résisté à sa puissance ; et ses dernières années furent souillées de la haine des peuples et du sang des patriciens. Dans les premiers momens d’ivresse que donne la victoire, il avait été tenté de priver tous les adhérens d’Odoacre des droits civils, et même des droits naturels de la société[2].

  1. Voyez Cassiodore, Variar., VIII, 15 ; IX, 15, 16 ; Anastase, in Symmach., p. 31 ; et la dix-septième note de Mascou. Baronius, Pagi et la plupart des docteurs catholiques, avouent, en murmurant, cette usurpation du roi des Goths.
  2. Il leur ôta licentia testandi ; et toute l’Italie fut en deuil, lamentabili justitio. Je voudrais croire que ces peines