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commerce si précieux, attira bientôt les négocians ; et l’esprit libéral du roi des Goths encourageait et protégeait leurs opérations utiles à ses sujets ; il rétablit et étendit la communication par terre et par eau, entre les différentes provinces ; les portes de Ravenne n’étaient pas même fermées pendant la nuit, et le proverbe d’alors, qu’on pouvait laisser sans crainte une bourse remplie d’or au milieu des campagnes, annonce le sentiment de sécurité répandu parmi les peuples[1].

Théodoric était arien.

Une différence de religion est toujours pernicieuse et souvent funeste à l’harmonie qui doit régner entre le prince et son peuple. Le roi des Goths avait été élevé dans la secte d’Arius, et l’Italie professait avec zèle le symbole de Nicée ; mais la croyance de Théodoric n’était point mêlée de fanatisme, et il suivait, avec soumission, l’hérésie de ses ancêtres sans daigner examiner les subtils argumens des théologiens. Sentant bien qu’il devait se regarder comme le protecteur du culte public, il se contenta d’assurer la tolérance aux ariens ; et son respect extérieur pour une superstition qu’il méprisait, dut lui donner sur ces objets la salutaire indifférence d’un homme d’état et d’un philosophe. [Il tolère les catholiques.]Les catholiques de ses domaines souscrivirent, peut-être avec répugnance, à la paix

    cinq modii pour une pièce d’or, et le prix des grains fut toujours modéré.

  1. Voyez la Vie de saint Césaire dans Baronius, A. D. 508, nos 12, 13, 14. Le roi lui donna trois cents solidi d’or et un disque d’argent du poids de soixante livres.