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saient dans chaque partie de la ville des flots d’une eau pure ; les eaux qu’on appelait Claudiennes avaient leur source à trente huit milles de là, au milieu des montagnes des Sabins ; une file d’arceaux d’une pente insensible les amenait au sommet du mont Aventin. Les longues et spacieuses voûtes qui servaient d’égouts subsistaient en leur entier après douze siècles ; et l’on a mis la structure de ces canaux souterrains au-dessus de toutes les merveilles dont la ville de Rome frappait les regards[1]. Les rois goths, si injustement accusés d’avoir hâté la ruine des ouvrages de l’antiquité, mirent tous leurs soins à conserver les monumens de la nation qu’ils avaient subjuguée[2]. Ils publièrent des édits pour défendre aux citoyens eux-mêmes de les dégrader, pour leur

    de Trajan (Variar., VII, 6) ; le Théâtre de Marcellus (IV, 51), et l’Amphithéâtre de Titus (V, 42) ; et ses descriptions méritent d’être lues. M. l’abbé Barthélemi a calculé que d’après le prix moderne de la main-d’œuvre, les ouvrages en brique et en maçonnerie du Cotisée coûteraient seuls vingt millions tournois (Mém. de l’acad. des inscript., t. XXVIII, p. 585, 586) ; et les ouvrages en brique et en maçonnerie n’étaient qu’une partie bien petite des dépenses du Colisée.

  1. Voyez sur les acquéducs et les égouts, Strabon, l. V, p. 360 ; Pline, Hist. nat., XXXVI, 24 ; Cassiodore, Variar., III, 30, 31 ; VI, 6 ; Procope, Goth., l. I, c. 19 ; et Nardini, Roma antica, p. 514-522. On ne conçoit pas encore comment un roi de Rome a pu exécuter de pareils monumens.
  2. Voyez les soins que prirent les Goths des édifices et des statues dans Cassiodore (Variar., I, 21-25 ; II, 34 ; IV, 30 ; VII, 6, 13, 15) et le Fragment de Valois, 721).