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toire, en récompense de sa fidélité à la cause malheureuse d’Odoacre. Cassiodore[1] et Boëce ont jeté sur son règne l’éclat de leur génie et de leur savoir. Cassiodore, plus prudent ou plus heureux que son collègue, suivit constamment ses principes sans perdre la faveur du roi ; et après avoir joui trente ans des honneurs du monde, il goûta le repos le même intervalle de temps dans sa pieuse et studieuse retraite de Squillace.

Prospérité de Rome.

Il était du devoir et de l’intérêt du roi des Goths, comme protecteur de la république, de cultiver l’affection du sénat[2] et celle du peuple. Les nobles de Rome étaient flattés de ces pompeuses épithètes et de ces démonstrations de respect qu’on avait accordées avec plus de raison au mérite et à l’autorité de leurs ancêtres. Le peuple jouissait sans crainte et sans danger des trois avantages qu’offre pour l’ordinaire la capitale d’un empire, l’ordre, l’abondance et des amusemens publics. La quantité de grains qu’il

  1. Deux citoyens d’Italie et du nom de Cassiodore, le père (Variar., I, 24-40), et le fils (IX, 24, 25), furent employés successivement dans l’administration de Théodoric. Le dernier naquit en 479. Ses diverses épîtres en qualité de questeur, de maître des offices et de préfet du prétoire, comprennent l’intervalle de 509 à 539 ; et il vécut moine environ trente ans. (Tiraboschi, Storia della Litteratura italiana, t. III, p. 7-24 ; Fabricius, Bibl. lat. med. ævi, t. I, p. 357, 358, édit. Mansi.)
  2. Voyez dans Cochlœus ses égards pour le sénat. Vit. Théod., VIII, p. 72-80.